Aller au contenu
Osheaga, Jour 3

SZA, Hozier et l’alerte météo

SZA, Hozier et l’alerte météo
Hozier / Courtoisie Osheaga/Tim Snow

Une jeune grande vedette R&B américaine, un Irlandais qui a du cœur et des valeurs, une Australienne déjantée et un orage qui a raté le site de peu ont retenu l’attention en cette dernière journée du festival Osheaga rebaptisé «Hotsheaga» cette année.

Aussi, le bilan des organisateurs et un palmarès personnel du week-end.

Le cinéma de SZA

D’entrée de jeu, les mots sont apparus sur l’écran géant : IDE Presents, SZA. Pigé. L’Américaine nous proposait son cinéma en plein air. À défaut du lion de la Metro-Goldwyn-Mayer, se sont plutôt des insectes rampants ou volants dans une grotte avec des stalactites qui ont suivi avant que la chanteuse ne fasse son apparition sur une plateforme surélevée pour l’interprétation de PSA.

Accompagnée de danseurs et de danseuses, sur une immense scène avec une mezzanine qui surplombait un grand escalier, l’Américaine a enchaîné ses premiers numéros avec une précision digne d’une machine bien huilée.

SZA a interprété durant près d’une heure et demie des chansons dont les paroles étaient connues par cœur de milliers d’adolescentes et jeunes femmes adultes, toutes couleurs confondues. La grande majorité d’entre elles provenait de son disque à succès de 2022, SOS. On a probablement vu la meilleure affiche du festival à ce moment, avec une jeune fille qui tenait une pancarte où on pouvait lire «Rock, Paper, SZA». Ciseaux, en anglais, est phonétiquement très proche de la prononciation de son nom.

Production étoffée

La chanteuse de R&B a une voix qui tient la route, utilisant sa sensualité pour enrober nombre de ses chansons sans jamais être vulgaire. Au cours du concert, des lucioles ont étoilé certains de ses tableaux, la grotte s’est transformée en joli jardin avec marais et SZA a chevauché une fourmi géante. Une production étoffée, pas de doute là-dessus.

Cela dit, si SZA a une foule de titres qui font la part belle aux émotions, très peu d’entre eux donnent ce supplément d’adrénaline à un concert. L’enchaînement de Kiss Me More avec Kiss, de Prince? Oui. Kill Bill, avec SZA et ses danseuses et leurs machettes de style samouraï? Assurément. Et, bien sûr, Rich Baby Daddy. Mais parfois, ce concert spectaculaire au plan visuel a semblé manquer de tonus sur un site plus grand qu’un stade. La faute au R&B romantique de SZA, qui est parfois moins remuant que la soul ou le hip-hop? Allez donc savoir…

Néanmoins, les propos véhiculés dans les chansons ont touché la cible auprès des fans, comme pour la magnifique Open Arms, Nobody Gets Me – dédiée à son ex – et Normal Girl.

La bonne parole de Hozier

La chanson signature de Hozier est Take Me to Church, interprétée dimanche soir en conclusion de sa prestation. Disons qu’à ce moment, ça faisait un bout de temps que nous étions dans l’église à ciel ouvert.

L’Irlandais a cette capacité de nous toucher au travers de ses compositions qui peuvent aller de la ballade épurée aux chansons remuantes avec toutes les variantes entre les deux. Mais que ce soit avec Jackie and Wilson, Almost (Sweet Music) ou Francesca et ses variations de tempo, c’est l’enrobage qui magnifie les offrandes.

Osheaga/Tim Snow

Source: Osheaga/Tim Snow

Hozier avait un band du tonnerre avec lui : des choristes avec des voix souples et célestes, des cordes (violon, violoncelle) chaleureuses, des guitares précises et des arrangements qui transcendent toutes les époques.

Mais le lien avec l’église souligné ici ne tient pas qu’à la qualité générale de l’ensemble qu’on pouvait mesurer durant Too Sweet, par exemple. Hozier n’est pas qu’un homme de voix. Il en est aussi un de paroles. Il a vanté l’ouverture de notre ville avant de livrer un vibrant plaidoyer pour un cessez-le-feu à Gaza et une libération de ce territoire, deux opinions chaudement applaudies.

La tornade blonde

Plus tôt dans la journée, dès qu’elle est montée sur scène, Amyl, figure de proue du groupe Amyl and the Sniffers, a hurlé un «Yeeaaahhhh! Get ready!» Tout le monde avait déjà compris que nous n’étions pas là pour entendre des berceuses. La décharge musicale générée par Balaclava l’a confirmé aussitôt.

Amyl/Osheaga/Benoît Rousseau

Source: Amyl/Osheaga/Benoît Rousseau

Soutenu par une rythmique galopante, l’Australienne a mis de l’avant la bête de scène qu’elle est.

Avec ses cheveux blonds, coiffée comme Farrah Fawcett en 1977, celle qui aurait pu être une doublure pour les Charlie’s Angels a chanté, sauté, crié, tiré la langue et levé le poing en l’air. Quelque chose comme une tornade dont les échos étaient quantifiables auprès du public au bas de la scène quand elle a interprété avec hargne, Security.

On a eu le temps de prendre un quart d’heure de ce calibre avant que la prestation ne soit interrompue par une veille d’alerte d’orage.

Osheaga/Benoît Rousseau

Source: Osheaga/Benoît Rousseau

Week-end de rêve

C’est d’ailleurs la première question à laquelle Nick Farkas, le vice-président à la programmation d’evenko et fondateur du festival, a répondu un quart d’heure plus tard, lors de son point de presse.

Le festival Osheaga a son propre responsable météo et dès qu’un risque d’éclairs est présent, on arrête tout. Dimanche, nous sommes passés d’une alerte à une veille d’orages. Bilan : les artistes ont pu reprendre leurs prestations après une pause d’une vingtaine de minutes. Durant la soirée, la pluie s’est invitée à fines gouttes pour la première fois de la fin de semaine durant un peu plus d’une heure.

Sinon, le maître d’œuvre du festival ne dissimulait pas son plaisir.

«On a tout fait pour maximiser l’espace. Il n’y a pas d’autos sur l’île cette année. Ça nous a permis d’enlever les ponts et ça facilite les déplacements pour tout le monde. Il y a plus de stations d’eau, une immense tente…»

Pour ce qui est de la programmation, il était particulièrement heureux d’avoir pu attirer Green Day.

«Vous n’avez pas idée du nombre d’offres qu’on leur a fait depuis 17 ans...»

Farkas était fort satisfait d’avoir pu attirer Chappell Roan qui a été la révélation du festival qui affichait salle comble dès 15h30, samedi.

Chappell Roan/Osheaga/Tim Snow

Source: Chappell Roan/Osheaga/Tim Snow

«Nous l’avions vue à Nashville en octobre dernier. On lui avait déjà fait une offre – pas encore signée -, mais après l’avoir vue, on est retourné à l’hôtel et on a majoré l’offre. Nous étions complètement renversés.»

Après 17 années de service, Farkas assure que le site du festival qui a accueilli 147 000 personnes ce week-end – la deuxième plus importante affluence après le record de 155 000 de l’an dernier - «est au maximum de sa capacité. On ne peut pas être plus gros.»

À moins d’étaler le festival sur quatre jours, comme à la Lollapalooza?

«On n’a aucun plan d’aller là», assure-t-il.

Toujours plus de touristes

Comme ce fut le cas depuis des années, environ 60 % des festivaliers provenaient de l’Ontario et des États-Unis. Ce pourcentage est légèrement plus élevé en faveur des visiteurs pour les passes valables pour trois jours.

«Il y a un peu plus de gens de l’extérieur qui achètent des billets pour l’ensemble du festival», confirme-t-il.

Il admet que pour les prochaines années, il faudra tenir compte de plein d’éléments avec lesquels il n’a aucun contrôle, comme le réchauffement climatique. Le mercure a atteint les 30 degrés centigrades chaque jour cette année. Par ailleurs, Farkas est déjà en pourparlers avec des potentielles têtes d’affiche pour 2025.

«Nous sommes de retour (après les années de pandémie). L’énergie et la marque du festival n’ont jamais été aussi bonnes.»

Le palmarès de la fin de semaine

Trois fois 30 : le mercure a atteint minimalement 30 degrés Celsius - sans tenir compte du facteur humidex - chaque jour. Pas de plainte ici. C'est mieux qu'être à - 30 à l'Igloofest...

La meilleure artiste solo provenant d’un groupe : Brittanny Howard a délaissé Alabama Shakes, mais sa voix demeure ce qui nous attire encore et encore.

Brittany Howard/Osheaga/Benoît Rousseau

Source: Brittany Howard/Osheaga/Benoît Rousseau

La plus belle scène : ce couple d’amoureux placé devant moi durant le concert de Noah Kahan qui s’embrasse passionnément toute la soirée. Musique et amour vont de pair.

La reprise surprise locale : Saskatchewan, des Trois Accords, par Talk.

La reprise surprise internationale : Zoo Station, de U2, par les Smashing Pumpkins.

L’erreur de parcours : Ne pas être demeuré plus longtemps durant l’excellente prestation des Irlandais de Two Door Cinema Club.

L’accessoire mode le plus populaire : l’éventail.

L’accessoire électrique le plus populaire : les mini ventilateurs portables.

Les plus longues files d’attente : indiscutablement celles pour les stations d’eau, bien avant celles des toilettes.

La très bonne idée : l’immense toit, de genre hangar, qui surplombe toute la zone de bar sur le site principal. Il aura protégé des milliers de festivaliers du soleil de plomb vendredi et samedi et des tas d’autres, dimanche soir, durant la légère pluie.

La moins bonne idée : la disparition de la grande fontaine. Elle aurait eu du succès cette année, même si les brumisateurs ont fait le travail.

Le bon réaménagement : le parcours désormais presque rectiligne entre le site principal et celui où se trouvent les scènes Verte et de la Vallée. Moins charmant que sous le couvert dans le temps, mais fort efficace. Moins de dix minutes pour aller d’un point à l’autre d'un pas rapide.

La bouffe à la hausse : tout a augmenté depuis la pandémie et le festival ne fait pas exception. Mais, sérieusement, des hot-dogs à près de 10 $ et des cheeseburgers à plus de 10 $? À 3,50 $, la bouteille d’eau de 600 ml faisait figure d’aubaine...

Abonnez-vous à l’infolettre du 98.5 Montréal!
En m’abonnant, j’accepte de recevoir des communications par courriel de Cogeco Média et de ses sociétés affiliées, y compris des nouvelles, des mises à jour, des activités et des concours. Vous pouvez vous désabonner en tout temps en utilisant le lien au bas de nos courriels ou en nous contactant par le biais de notre Politique en matière de protection des renseignements personnels. Veuillez noter, cependant, que nous pouvons continuer à vous envoyer des communications liées au service et d’autres communications non commerciales. Ce site est protégé par reCAPTCHA et la politique de confidentialité de Google et les les conditions d'utilisation s'appliquent.

Vous aimerez aussi

L’écoute en direct débutera à la suite de ce message publicitaire.
Radio textos
En direct
En ondes jusqu’à 12:00