La mutinerie menée par le groupe Wagner, le week-end dernier, a clairement forcé le président russe à s'adresser à la population lundi. Il faut dire que le pouvoir de Vladimir Poutine est ébranlé depuis cet étonnant coup de force.
Lors de sa première déclaration publique depuis la courte rébellion du groupe paramilitaire, Poutine a affirmé qu’il avait assuré la sécurité intérieure en Russie et évité un bain de sang, que son chef Evguéni Prigojine a justifiée pour sauver le groupe paramilitaire et non pour s’emparer du pouvoir.
À l'émission de Louis Lacroix, mardi, écoutez Pierre Binette, politologue et professeur retraité au département de l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, ainsi que Tetyana Ogarkova, responsable du département international de l’ONG Ukraine Crisis Media Center.
«Il enlève beaucoup de crédit à son ami, le président biélorusse, Alexandre Loukachenko. Il a dit que c’est lui qui a piloté la chose. […] En fait, s’il y avait eu un massacre entre Evgueni Prigojine et Vladimir Poutine, on aurait tenu le président responsable. Je pense qu’on va assister à un ménage dans l’appareil politique et dans les oligarques. Poutine a parlé de trahison… Car il associe la stabilité du pays à celle de son pouvoir. […] Chose certaine, Evgueni Prigojine a réussi à déstabiliser le pouvoir de Vladimir Poutine.»
Rappelons que le groupe paramilitaire a lancé une rébellion contre le commandement russe vendredi, sous les ordres de son chef Evgueni Prigojine.
Il a pris le contrôle de sites militaires à Rostov avant de prendre la route vers Moscou. Finalement, un accord a été négocié par le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, mettant fin à cette menace pour la Russie et le pouvoir de Poutine. Les troupes de Prigojine sont donc retournées dans leurs camps. Selon l’entente, aucune poursuite ne devait être engagée contre Prigojine et ses soldats.
Le Kremlin a affirmé que le chef du groupe devrait s’exiler en Biélorussie. Quant aux États-Unis, les services de renseignements étaient bien au courant de cette mutinerie au sein du groupe Wagner.
Comment la crise interne en Russie est-elle perçue par le peuple ukrainien?
«On a regardé avec beaucoup d’intérêt ce complot de Prigojine contre le ministère de la Défense. Cela a donné un espoir mal fondé aux Ukrainiens qu’ils allaient voir Prigojine et l’armée russe se dévorer entre eux… Finalement, cette tentative de révolte a été assez courte. […] Sur le terrain, pour l’instant, il n’y a pas de conséquence directe. Chose certaine, cette crise illustre une faiblesse incroyable des pouvoirs militaire et politique russes. Ça démontre la faiblesse de ce colosse au pied d’argile.»