Les personnes qui souffrent de migraines vous le diront: la douleur est parfois si intense qu'elles ont l'impression de vivre l'enfer.
Écoutez la Dre Elizabeth Leroux, neurologue spécialisée en médecine des céphalées, au micro d'Elisabeth Crête.
Selon les statistiques, les femmes sont trois fois plus susceptibles d'avoir des migraines que les hommes. Pourquoi?
«Il faut voir la migraine comme un problème de software cérébral. C'est assez complexe. Ce n'est pas juste une cause. Souvent, les gens veulent une cause, mais plusieurs hormones influencent la migraine. Les oestrogènes par exemple. Mais quand ils vont descendre, ils vont baisser. Il peut y avoir plus de migraines, par exemple durant les menstruations. Durant la grossesse, les œstrogènes sont très élevés, très stables. Alors souvent il va y avoir une amélioration. Périménopause, une phase difficile, hormones très instables encore souvent plus de migraines pour la femme atteinte, puis parfois après la ménopause. Là, les œstrogènes descendent mais sont stables. Donc, il y a une question de niveau, puis il y a une question de variabilité.
«Mais après ça, je pourrais vous dire des choses sur la testostérone, progestérone, ocytocine. Donc on a quand même pas mal de preuves scientifiques sur les liens entre les hormones et les maux de tête.»
Encore du travail à faire pour sensibiliser
La réalité vécue par les individus qui souffrent de problèmes récurrents de maux de tête, par les migraineux, est-elle assez prise au sérieux dans notre société?
«Bien sûr que non. C'est clair que non. Il y a des bonnes raisons pour ça. Il n'y a pas de biomarqueurs, il n'y a pas de preuves. C'est une maladie de la femme, c'est une maladie qui vient par crises...»
«Moi, j'ai des patients qui font du yoga, qui mangent du kale pis qu'ils n'ont pas bu une bouteille de vin depuis 40 ans, mais ça ne traite pas leur migraine. Il y a des traitements médicaux pour aider ces gens-là. Alors moi je dis aux gens: "Allez voir. Migraine Québec." Il s'agit de l'Association du Québec pour les migraineux. Il y a plein d'informations sur les traitements. Notez vos crises, parlez à votre médecin (...) Je pense qu'il y a un gros virage social à faire pour éduquer et informer. Si tu es migraineux, si tu as des migraines, eh bien au moins le monde ne dit pas tout le temps que c'est de ta faute...»