La réforme en santé du ministre Christian Dubé inquiète d’anciens premiers ministres. Daniel Johnson, Pierre Marc Johnson, Lucien Bouchard, Jean Charest, Pauline Marois et Philippe Couillard ont rédigé une lettre qu’ils ont rendue publique, mardi, alors qu'ils se disent préoccupés malgré des amendements faits au projet de loi 15.
En entretien au micro de Paul Arcand, mercredi, écoutez l'ancien premier ministre Lucien Bouchard aborder sa participation au collectif et expliquer ses inquiétudes.
Celui qui a été à la tête du Québec de 1996 à 2001 estime que les amendements du ministre Dubé ne le rassurent actuellement pas du tout.
«Il y a des réformes à faire et on en est conscient. Mais il n'y a pas seulement que la clinique. Il ne faut pas oublier que ce qui fonctionne très bien dans notre système, c'est la recherche, l'enseignement, l'innovation. Et c'est là qu'on trouve ça dans ces institutions-là qui sont créées de génération en génération par des efforts, du talent, des adhésions de cœur. Et là, maintenant, on fait disparaître leur entité corporative des institutions [...] On va démotiver des gens qui font l'excellence!»
L'ancien premier ministre souligne qu'en regroupant les institutions dans une grosse machine, on ne pourra pas sauver des coûts, mais on risque plutôt l'alourdir encore plus.
«Le "mammouth", il va se perpétuer. En fait, le mammouth, il a toujours rêvé de prendre le contrôle de ces institutions-là, mais chaque fois qu'il y a eu des réformes, il y en a eu beaucoup de réformes au Québec, il y a eu des regroupements importants aussi encore les récentes réformes du gouvernement précédent, on n'a jamais touché à l'identité corporative, au caractère distinctif des institutions.»
Il souligne qu'il respecte le ministre Dubé et qu'il souhaite voir sa réforme fonctionner, mais qu'on doit éviter de tomber dans les solutions globales et générales.
«Ça nous est arrivé à tous, dans l'enthousiasme, de vouloir régler un problème là, on fait du mur-à-mur! On passe en face une grosse patente... là on va les régler les problèmes! Mais il y a des choses qu'on oublie.»
On aborde aussi la question de la culture de l'institution du ministère de la Santé qui échappe selon lui presque totalement au contrôle.