Les demandeurs d'asile sont en forte hausse au Canada depuis quelques années et le phénomène exerce une pression extraordinaire sur les services offerts à la population par le gouvernement québécois, affirme François Legault.
Selon lui, le gouvernement fédéral doit, de manière urgente, freiner cette hausse vertigineuse de l'immigration temporaire.
Écoutez le premier ministre du Québec qui s'entretient longuement avec l'animateur Paul Arcand, mardi.
«Ce n'est pas une question qu'on n'est pas accueillants ou qu'on blâme ces personnes. C'est juste que le nombre est rendu à un niveau qu'on n'est plus capables. On est rendus à 560 000 immigrants. Juste dans la dernière année, le Québec a connu une hausse de 170 000 immigrants. [...] Il faut réduire de façon significative les demandeurs d'asile et même les travailleurs temporaires.»
Au dire du premier ministre, le flux migratoire actuel met une pression énorme sur de nombreux pans de la société québécoise... D'ailleurs, le gouvernement fédéral a une grande part de responsabilité quant à cette nouvelle problématique.
«On demande de l'information précise sur les 560 000 personnes. On a sur notre territoire un demi-million de personnes et on n'a pas de données sur à peu près les deux tiers d'entre eux. On est en mode comité et en mode j'attends. M. Trudeau m'a promis une rencontre d'ici le 30 juin. J'espère qu'il va arriver avec des gestes concrets...»
Questionné par l'animateur à propos de la nécessité d'un référendum sur l'immigration au Québec, le premier ministre répond qu'il faut «faire beaucoup plus que ça»...
«Actuellement, 65% des Québécois seraient d'accord pour transférer des pouvoirs en immigration d'Ottawa vers Québec. Il faut en faire une urgence. Il faut convaincre le gouvernement fédéral d'agir dès maintenant. On va prendre les moyens qu'il faut [...] et mettre une pression pour que ça devienne une priorité.»
François Legault admet que le gouvernement fédéral multiplie les attaques à l'endroit des juridictions des provinces. Cela dit, il nuance ses propos en affirmant qu'il est généralement possible d'obtenir l'argent nécessaire aux Québécois.
Malgré toutes ces attaques à l'égard des compétences du gouvernement québécois, François Legault estime que la souveraineté du Québec n'est pas une solution. «Je ne pense pas qu'une majorité de Québécois voteraient OUI à un référendum.»
Quelques autres sujets abordés:
- Les négociations entre le gouvernement du Québec et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec: «Il faut que les médecins de famille acceptent de prendre plus de patients, dit M. Legault. On ne recula pas. [...] On veut négocier une nouvelle formule concernant la prime...»
- Une règle semblable à l'arrêt Jordan dans le milieu judiciaire [qui incite les travailleurs impliqués à offrir des services dans des délais raisonnables] est-elle envisageable dans le système de santé? «Il faut améliorer l'efficacité du réseau de la santé et ça passe notamment par des conventions collectives plus flexibles avec les infirmières et une meilleure prise en charge des patients par les médecins de famille», allègue le premier ministre.
- Les centres d'injection à Montréal et la cohabitation difficile avec les autres citoyens en ville: «Il y a un problème majeur de santé mentale, indique le PM. Ces sites d'injection sont nécessaires. Il faut les mettre quelque part. Chaque fois qu'on ouvre un site, des gens autour n'aiment pas ça. Idéalement, pas à côté d'une école. On regarde le problème au cas par cas. Il y a une explosion du nombre d'itinérants, de personnes avec des problèmes de santé mentale. Il faut faire un lien avec l'explosion des demandeurs d'asile...»
- Problèmes majeurs à la Direction de la protection de la jeunesse: «On donne beaucoup plus de services, mais cette augmentation est moindre pour l'explosion des besoins», mentionne François Legault.