Le gouvernement de Justin Trudeau a choisi Boeing pour renouveler et remplacer ses 14 avions de patrouille maritime CP-140 Aurora; un contrat de huit milliards, mais qui devrait monter à 10 milliards de dollars.
Le contrat a été donné sans appels d’offres, fermant ainsi la porte au constructeur québécois Bombardier, qui souhaitait rivaliser avec son compétiteur américain.
Écoutez le directeur de l'Observatoire international de l’aéronautique et de l’aviation civile de l’UQAM, Mehran Ebrahimi, aborder avec Louis Lacroix l'intention de Bombardier d'offrir une alternative au gouvernement canadien pour ce type d'avion.
«(Bombardier) a déjà une expertise sur ce type d'avions. On fait des avions pour les Allemands, le Pegasus allemand, on fait des avions pour Global Eyes, pour les Suédois, pour les Émirats arabes unis, on fait un avion pour les Allemands qui est à peu près à 70% ce qu'on veut faire avec l'armée canadienne. Donc ça ne part pas d'une page blanche. On part avec un avion qui coûterait à peu près 50% moins cher en termes de coûts d'exploitation. C'est un avion qui émettrait 50% moins d'émissions de gaz à effet de serre. C'est un avion qui est moderne, alors que l'avion de P8 de Boeing, c'est un avion qui est de conception 737 des années 70-80.»
Mehran Ebrahimi se questionne à savoir si «ce n'est pas toujours cette espèce de pression canadienne de dire Bombardier, c'est le Québec. Et puis bon, on peut donner un contrat à bombarder, c'est un petit peu encore là, supporter le Québec.»
On écoute ensuite la réplique du ministre fédéral des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, au micro de Louis Lacroix.
«Boeing est le seul appareil qui est disponible et qui permet de répondre aux besoins de l'aviation canadienne, et ce, avant que les Aurora arrivent à l'âge de la retraite en 2030. [...] Bombardier fait un très bon travail en matière de livraison d'avions civils. Les jets pour les fins commerciales fonctionnent bien, ils ont une bonne ligne d'affaires. Il y a une différence importante entre un avion civil et un avion militaire qui doit lancer des torpilles. [...] Les retombées économiques de l'annonce d'hier vont être significatives pour l'industrie aéronautique à travers le pays, y compris dans la grande région de Montréal. Héroux-Devtech est à Longueuil à Saint-Hubert. CAE que beaucoup de gens connaissent. L3Harris, qui engage déjà 1200 personnes à Mirabel, M1 composites... il y a 550 fournisseurs déjà existants pour Boeing, dont plusieurs à Montréal et dans la grande région de Montréal, qui ont déjà des relations étroites et solides avec Boeing et des investissements significatifs additionnels au cours des dix prochaines années. Boeing s'engage à investir au Canada.»