Il y a deux ans, une enquête faisait état d’allégations d’agressions et d’inconduites sexuelles visant l’humoriste Julien Lacroix. Des femmes qui ont témoigné ou qui ont indirectement joué un rôle dans sa «cancellation» reviennent aujourd'hui sur leur expérience et exposent leur réflexion sur les dénonciations publiques.
Deux d’entre elles, dont l'une qui décide de sortir de l’anonymat, se questionnent notamment sur l’utilisation de leur témoignage pour faire des «clics» et sur la peine populaire violente qui en résulte pour l’humoriste.
De son côté, Julien Lacroix consacre tout son temps à essayer de se réhabiliter, depuis deux ans. Malgré les thérapies, le groupe de soutien qu’il a lui-même créé, les prises de contact et les rencontres avec les dénonciatrices qui acceptent de lui parler et les amendes honorables auprès de tous ceux qu’il a pu blesser, il n’arrive pas à trouver de travail, même au dépanneur du coin. On lui refuse même l'occasion de faire du bénévolat. Et par-dessus tout, il est la cible de menaces violentes. Pourquoi?
Parce qu’avec le temps, l’étiquette de «violeur en série» lui a été accolée, sans égard à la réelle nature et au contexte des dénonciations. Julien avoue penser au suicide chaque jour.
Le balado
En collaboration avec la journaliste Isabelle Hachey de La Presse, la journaliste et animatrice Marie-Ève Tremblay vous propose donc un balado de quatre épisodes sur l’affaire Julien Lacroix, deux ans plus tard.
D'ailleurs, celle-ci indiqué à l'animateur Paul Arcand, mercredi matin, que les conséquences de cette affaire sont, encore aujourd'hui, majeures pour l'humoriste.
« Il est seul à la maison, sans aide, à regarder le plafond. Dès qu'il lève le petit doigt, cela provoque une réaction. Il ne semble pas y avoir de fin à ce genre de peine populaire. »
La parole aux personnes impliquées
Ce projet ne s’inscrit pas dans l’idée de déterminer si Julien Lacroix a commis ou non les actes qui lui sont reprochés ni de déterminer s'il a le droit ou non de revenir dans l’espace public. Il donne la parole à certaines des personnes qui ont été directement impliquées dans l’enquête qui a visé l’humoriste et qui ont envie de réfléchir sur les conséquences de dénoncer et aussi… de remettre certaines pendules à l’heure. Vous y entendrez donc des points de vue de tous les angles.
Cinq ans après le mouvement #MeToo, force est de constater que la parole de plusieurs victimes d’agressions et/ou d’inconduites sexuelles a été libérée et entendue. Non seulement des agresseurs ont été dénoncés et en ont subi les conséquences, mais en plus, ces dénonciations publiques ont notamment forcé le système de justice et le milieu policier à trouver des solutions afin de mieux gérer les cas de dénonciation d’agressions sexuelles.
Se pourrait-il toutefois que, dans certains cas, les dénonciations publiques aient eu des impacts démesurés, voire injustes, autant pour les personnes qui dénoncent que pour les personnes dénoncées?
Est-il possible que certaines personnes aient ressenti une forme de pression de parler en devant impérativement se positionner soit comme allié du mouvement soit comme complice des agresseurs?
Est-ce que de rapporter le comportement inadéquat de quelqu’un fait automatiquement de la personne une victime et de lui, un agresseur?
Enfin, quelle est la réelle «peine» que nous souhaitons collectivement pour les personnes dénoncées en parallèle du système de justice?
Plusieurs de ces questions demeurent à ce jour sans réponse. Ce balado apporte certaines pistes de réflexion fort intéressantes.
Vous souhaitez écouter les quatre épisodes de la série : consultez-les dans notre section balados.
Et si vous désirez lire davantage sur le sujet, consultez le dossier complet d'Isabelle Hachey dans La Presse.