Sylvie, ex-membre très influente du mouvement raëlien, a quitté la secte en 2017, après y avoir passé 35 ans. Celle qui occupait une position stratégique a décidé de témoigner de son expérience dans un documentaire appelé Les femmes de Raël. Jeudi matin, elle s'entretient à ce sujet avec l'animateur Paul Arcand.
Le documentaire de 52 minutes sera diffusé sur ICI Télé, le 14 janvier. Il est également disponible sur la plateforme Tou.TV.
«À la fin des années 1970, c’est une époque des valeurs "peace and love" et des mouvements ésotériques. Ces valeurs d’écologie et de liberté sont alors proches de moi. Cette période est aussi habitée beaucoup par les phénomènes paranormaux. Raël, qui fait partie de cette mouvance, est arrivé dans ma vie. Au début, c’était inoffensif. Mais avec les années, sa doctrine s’est aggravée…»
Au dire de Sylvie, trois choses importent pour Raël : l’argent, le sexe et le pouvoir. Le reste est accessoire. Narcissique, il a développé un culte de sa personnalité qui est imposé aux membres de la secte. Selon l’ancienne membre, l’organisation a compté jusqu’à 10 000 membres, au plus fort de son influence.
Malgré ce contexte malsain, Sylvie est montée dans la hiérarchie de la secte. Elle est même devenue l’attachée de presse du gourou, dont le vrai nom est Claude Vorilhon.
«J’ai donné beaucoup de mon temps. C’est devenu une priorité. […] J’avais des comptes à rendre, notamment lors des réunions. J’avais un poste stratégique. Ce sens des responsabilités qui est le mien a fait en sorte que j’ai été très efficace pour le mouvement. Je ne m’en cache pas.»
Le déni
Sylvie explique qu’un(e) membre développe un mécanisme de défense personnel basé sur le déni : «On met beaucoup de choses de côté, car on ne veut pas être dérangé dans notre croyance. Celle-ci prend en quelque sorte le raisonnement en otage. Une pression étrange vous force à rester…»
«Dans la secte, on obtenait des mandats très particuliers, ajoute-t-elle. Les membres, surtout les femmes, avaient l’impression d’être très importantes. Nous étions les meilleures, les plus fines, les plus belles. En parallèle, toutefois, nous étions continuellement humiliées.»
L’argent et le clonage
De l’avis de Sylvie, Raël est extrêmement riche. D’autant plus qu’il ne dépense pratiquement rien de ses avoirs.
«Quand je suis partie en 2017, il valait 25 millions américains», lance Sylvie durant son entrevue accordée à Paul Arcand.
Depuis plusieurs années, Raël est basé au Japon. Selon elle, la secte bat de l’aile. Une forte proportion des membres ont quitté l’organisation, surtout après «le mensonge du clonage en 2002».
Rappelons que la scientifique française Brigitte Boisselier, qui était membre de la secte des raëliens, avait affirmé en décembre 2002 avoir mis au monde un bébé obtenu par la technique du clonage. Le bébé, une petite fille, était supposément venu au monde par césarienne.
«Un mois avant l’annonce, j’ai su que ce n’était pas vrai, affirme Sylvie. Le but était strictement de faire connaître Raël…»